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Un bateau. Un grand. Il l’a collé sur le carton et a écrit à côté : “Appartenir à la marine”. A côté du bateau, un enfant joue au football. Ces deux images font partie du “Projet de vie » que Brayan s’est fixé au collège, deux ans avant que l’atteignent les balles d’un groupe d’extrême droite dans l’État de Lara.

 

Il voulait être dans ce bateau quand il serait grand mais aussi dans un sous-marin, car les marins disait-il « passent beaucoup de temps sous la mer, pour chercher”. Sa mère, Marbelys Giménez, le raconte et dit aussi que Brayan était très bon dessinateur : depuis le jour de son entrée au lycée il ne créait pas seulement des images mais aussi des œuvres basées sur les objets du quotidien.

 

Un reportage de Katherine Castrillo

 

Brayan était l’aîné de cinq enfants et avant le 11 avril 2017 ses jours se passaient de manière normale : le matin il allait étudier et l’après-midi, au retour, sortait dans la rue pour aider sa mère à vendre des chips de babane à cuire, des haricots cuits et des pois cajuns. Tous les jours jusqu’à sept heures du soir. Si son grand-père avait besoin d’aide pour mener une démarche il était toujours disposé à l’accompagner parce qu’il était solidaire et très joyeux, aux dire de ses amis. Il aidait en tout ce qu’il pouvait sans négliger les matches de football, ni les jeux avec ses trois sœurs et son frère cadet.

 

“Sacrebleu ! Cet enfant avait tellement d’amis” se souvient Marbelys, “il a conquis la tendresse de tout le monde, d’enfants, de personnes adultes. Il était très serviable, très beau, sympathique”. Un jour il a écrit : « j’aime aider mes parents. Je n’aime pas me quereller avec les autres et j’aime avoir beaucoup d’amis”.

 

Brayan vivait avec sa mère et ses frères et ses sœurs dans la Ville Socialista Alí Primera, une résidence développée grâce aux politiques de logement du gouvernement bolivarien. Au début du mois d’avril 2017 quelques groupes d’opposition sont sortis dans la rue pour imiter les violences de 2014 : brûler des ordures et des pneus, monter des barricades avec des ruines, répandre de l’huile pour faire chuter les motards. Juste en face de la Ciudad Socialista Alí Primera se trouve le complexe de maisons “Hacienda Yucatán” dont les habitants sont en majorité de droite. On pense que c’est de là que la nuit du 11 avril sont sortis les agresseurs qui ont attaqué la résidence Ali Primera.

 

A 9 heures du soir Brayan est sorti acheter des empanadas. Dehors, depuis les premières heures de la journée, un commando d’extrême droite voulait entrer par la force dans la communauté, incendier des bonbonnes de gaz. “Nous ne les avons pas laissés faire”, cuenta Marbelys. C’est à ce moment que depuis les immeubles de Yucatán ils ont commencé à tirer sur les habitants désarmés qui cherchaient à protéger l’entrée de leurs maisons. “Pendant qu’ils nous tiraient dessus, nous nous sommes défendus avec des pierres, jusqu’à ce que nous n’en puissions plus et nous nous sommes mis à courir vers l’intérieur”, a confié Normelys Pérez au collectif de communication populaire Voces Urgentes. Avec elle se trouvait Brayan, deux balles l’avaient atteint. “Ne me laissez-pas mourir » leur a-t-il demandé. Dehors les tirs continuaient.

 

***

Immédiatement les dirigeants de l’opposition commencèrent leur travail dans les réseaux sociaux. María Corina Machado assura que Bryan avait été victime du « régime » et qu’en outre il faisait partie des jeunes qui manifestaient, de ceux qui "ont grandi en dictature et réclament la liberté”. Et sur les comptes twitters de leurs abonnés d’opposition la version fut : “Brayan Principal fut assassiné par les « collectifs chavistes”. Brayan, rien qu’un nom pour demander l’intervention étrangère.

 

Brayan, pour la droite, n’est rien qu’un nom, une répétition vide, à retwitter. Quasi une célébration pour justifier n’importe quelle attaque du dehors qui l’aide à mettre fin à la “dictature”.

 

Que savent-ils de Brayan ? Il n’avait que huit mois que son père était décédé d’un arrêt respiratoire, ce qui l’avait rapproché davantage de sa mère, il était devenu son appui principal, son ami : “Si je ne pouvais y aller moi-même, il emportait ses frères au collège. Nous allions à la rivière. Nous étions toujours ensemble les cinq”.

 

Que savent-ils de Brayan ? : “C’était un enfant très charismatique. Nous jouions football depuis que nous nous sommes connus. Il y a deux ans j’ai emménagé ici et ce fut un des premiers amis que j’ai eus. Ce qui va me plus le manquer de lui c’est la joie” dit son ami Yankevin Rivas. Il se tait, cherche ses mots et dit au bout d’un moment : “Il était tellement de choses : je ne sais quoi dire, je n’ai pas de mots pour l’expliquer”.

 

Brayan, que l’opposition veut transformer en martyr tout en responsabilisant de manière absurde les « collectifs chavistes », des personnes qui étaient sa famille, ses voisins, la communauté dans laquelle il a grandi, alors que tous savent parfaitement d’où sont venus les tirs : “L’opposition et ses leaders ne reculent pas devant le sang. Ils ne mesurent pas s’il y a des enfants, ils veulent effrayer le peuple. Pour cela je lance un appel pour la paix. Que prenne fin ce terrorisme qu’a causé l’opposition, parce que ce que cela génère sont ces blessés et des morts”, demande Marbelys, sa mère.

 

***

Le suspect des tirs qui ont atteint Brayan dans le dos est en fuite. Des organismes de l’État ont déployé une enquête pour le retrouver ainsi que d’autres personnes impliquées. Marbelys remercie le président Nicolás Maduro d’avoir envoyé de l’aide à toutes les victimes des violences. “Ce que je veux, c’est que cesse cette guerre. On ne me rendra pas mon fils. Tout ce que je demande est qu’on protège nos enfants parce que la droite est sans limites, ils vont contre les chavistes et rien ne leur importe”.

 

Brayan était, disions-nous, un excellent dessinateur : pour une exposition au collège il avait dessiné un gilet pare-balles. Quelques mois plus tard les balles l’ont atteint avant la mer, les bateaux et les sous-marins.

 

Texte: Katherine Castrillo / Contacto: @ktikok

 

Photo : Marbelys Giménez

 

Source : http://laculturanuestra.com/conoce-a-brayan-solo-14-anos-cuando-la-derecha-le-quito-la-vida-el-mar/

 

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-2xw

Brayan avait 14 ans : la droite lui a pris le bateau, la mer
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